L’agriculture biologique pour un développement durable des pays du sud

L'agriculture biologique pour un développement durable des pays du sud

 

Les détraqueurs de l'agriculture biologique avance souvent comme argument que l'agriculture biologique à des rendements inférieurs à l'agriculture conventionnelle utilisant fertilisants et pesticides chimiques. Ils nous disent donc que l'on ne nourrira jamais la population mondiale grandissante s'en intensification. Alors, la question se pose : l'agriculture biologique peut-elle nourrir le monde ? La réponse est oui. Et ce n'est pas moi qui le dit mais la FAO. En effet, malgré encore quelques polémiques et désaccords internes, la FAO estime maintenant que l'agriculture biologique est la meilleure voie pour le développement de l'agriculture dans les pays les moins avancés.

 

 

La Conférence internationale ONU/FAO de mai 2007 sur l'agriculture biologique et la sécurité alimentaire a conclu qu'à échelle mondiale, l'agriculture biologique, si elle est soutenue par une volonté politique, peut :

  • contribuer à la sécurité alimentaire, dont des pays riches également menacés par la crise des énergies fossiles, les changements climatiques et certaines faiblesses de la chaîne alimentaire.
  • atténuer les impacts de nouveaux problèmes, dont changements climatiques, grâce à une fixation améliorée du carbone du sol et une meilleure résilience.
  • renforcer la sécurité hydrique, qualité de l'eau, moindres besoins en irrigation, restauration humique du sol, meilleurs rendements en cas de stress hydrique dû aux aléas climatique.
  • protéger l'agrobiodiversité, et en garantir un usage durable.
  • renforcer la suffisance nutritionnelle, diversification accrue des aliments biologiques plus riches en micronutriments.
  • stimuler le développement rural dans des zones où le seul choix est la main d'œuvre, grâce aux ressources et savoirs locaux.

Le Président de la Conférence a appelé la constitution d'un réseau international de recherche et de vulgarisation en faveur de l'agriculture biologique et des sciences agro-écologiques, en estimant que plus d'argent et moyens publiques devrait y être consacrés. Il estime aussi que les mêmes règles devraient être appliquées à tous.

 

 

 

En effet, s'il est vrai que l'agriculture biologique à des rendements inférieurs à l'agriculture à haute technicité et chimique occidentale, ce n'est pas vrai pour les agricultures utilisant les produits chimiques des pays en voie de développement. Ainsi donc si l'intensification des agricultures du Sud est nécessaire pour nourrir le monde, l'agriculture biologique est un mode d'intensification. En effet, l'agriculture biologique permet, dans ces conditions, de produire plus à l'hectare que l'agriculture conventionnelle. Les techniques de l'agriculture biologique tel que les fertilisations organiques et les associations de cultures, couplé aux climats parfois très favorable à l'expression des potentialités des variétés locales donne de meilleurs résultats que les techniques engrais/pesticides. La preuves en est faite.

 

Résultats des Champs Ecoles Paysans réalisés par ENDA au Sénégal.

 

Culture

Témoin

Agriculture Biologique

Agriculture Raisonnée

Agriculture Conventionnelle

Chou

13,1 t/ha

26 t/ha

24,7 t/ha

21,7 t/ ha

Tomate

22 t/ha

30 t/ha

23 t/ha

20 t/ha

Riz

4,3 t/ha

6,3 t/ha

8,16t/ha

5,87t/ ha

Tableau des rendements de quelques spéculations dans la région du fleuve sénégal.

 

Ces résultats de production s'accompagnent de résultats économiques. La marge nette en agriculture biologique est deux à trois fois plus élevé qu'en conventionnel (analyse économique des CEP). En plus de produire plus et donc de rapporter plus, l'agriculture biologique fait l'économie d'engrais et de pesticides de synthèse dont le coût pèse très lourd dans les charges des agriculteurs. De plus, l'utilisation de ces produits nécessite une capacité de trésorerie dont les petits paysans ne disposent pas. Ainsi donc ils s'endettent au début de chaque campagne, s'alourdissant encore d'intérêt. Il n'est donc pas rare (notamment pour le riz au Sénégal) de voir des agriculteurs qui produisent à perte ne survivant que grâce à la famille partit en ville ou à l'étranger. Au final dans le monde les populations qui souffrent de la faim sont essentiellement rurales.

 

Si les bienfaits de l'agriculture écologique porte sur l'accès à une nourriture abondante et participe à l'augmentation des revenus des ménages ruraux, elle a également des actions bénéfiques sur l'environnement et la santé.

 

Il faut considérer les conditions naturelles qui favorisent les pollutions du milieu par l'utilisation des engrais et pesticides. Les températures élevées, et l'humidité lors de la saison des pluies entraîne une dégradation accélérer de la matière organique. L'utilisation d'engrais chimique sans apport de fumier ou résidu de culture aboutit à un taux de matière organique nul. Ainsi, dans les grands périmètres irriguer, malgré une très forte teneur en argile les engrais ne sont pas fixés par les sols, se diluent dans les eaux d'irrigation et sont renvoyés dans le fleuve par les eaux de drainage. En effet, le drainage est continu et nécessaire pour éviter la salinisation des terres (forte évaporation). Ces terres appelées localement « walo » sont pourtant favorables la fixation des minéraux (présence d'argile) à condition d'apporter de la matière organique, ce que fait l'agriculture biologique. Il existe aussi des terres de type « fondé » (argilo-limoneux) et « diéri » (sableux). Ces deux types de sol sont extrêmement filtrants et ce phénomène est aggravé par l'absence de matière organique. Dans ces conditions, l'agriculture n'est possible qu'en culture sous pluies, c'est-à-dire en saison ses pluies. Ces pluies à caractères violentes (plusieurs dizaines de millimètre en quelques heures) entraînent un lessivage massif des sols. Ces eaux de pluies entraînent donc en profondeur tous les éléments minéraux et intrants chimiques. L'entraînement par drainage ou lessivage des engrais et pesticides les rend inefficaces (non utile pour la culture) et provoque la pollution du fleuve et des nappes phréatiques.

 

Et l'on en vient à la santé. De ces même nappes phréatiques est pompé l'eau destiner à l'usage domestique. Les poisons du fleuve, devenu rare (constat des populations à l'échelle d'une vie) sont considérés comme contaminés dans le département de Saint-Louis (embouchure du fleuves).

L'utilisation en elle-même des produits chimiques est problématique. Les paysans ne sont absolument pas former aux dangers de ces produits et sont pour la plupart dans l'incapacité de lire les étiquettes (analphabétisation). Ils sont utilisés à mains nues, pulvérisé avec des pulvérisateurs portatifs, les temps de rémanences ne sont pas respecter, les travaux aux champs se font pieds nues dans l'eau … Ainsi de nombreux cas de brûlure sont constatés. A cela s'ajoute l'impact difficilement mesurable des effets à longs termes de la consommation de produits contaminés, des inhalations …

Ces conditions constatées à Guédé –Chantier sont généralisables à toutes la vallée du fleuve Sénégal, et à la région sub-sahélienne (notament le long des fleuves Sénégal et Niger) dont les systèmes de productions et  conditions naturelles sont identiques parfois même plus critique.

L'agriculture conventionnelle, utilisant des produits chimiques présente donc un danger pour l'environnement et la santé des populations. Par ailleurs, elle est un frein au développement économique, et à la sortie de la pauvreté. L'agriculture biologique participe à la lutte contre la faim, et plus généralement à la souveraineté alimentaire des pays les moins avancé.

 

Rémi Duflot, le 20/11/2007



21/11/2007
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